On parle de typos, de polices, de caractères. On utilise ces différentes formes de petites lettres parce qu’elles sont à disposition sur un ordinateur sans jamais vraiment se poser de questions. Pourtant ces caractères ont une histoire et même une classification.
La classification Vox-Atypi
Elle porte le nom de son créateur français, Maximilien Vox qui l’a élaborée en 1954. Elle est devenue une référence lorsqu’elle a été adoptée en 1962 par l’Association Typographique Internationale (Atypi donc). Elle a très fortement inspiré la norme allemande créée en 1964, puis la norme britannique de 1967 et la norme française NF Q60-007 créée en 1977.
Maximilien Vox a ainsi classé les typos en 11 familles réparties dans 3 ensembles :
Premier ensemble de typos : le groupe des Humanes, Garaldes et Réales ou les caractères classiques
Les Humanes regroupent les caractères romains très anciens.
Caractéristiques : caractères marqués par leur aspect arrondi, empattement* triangulaire, peu de contraste entre pleins et déliés*.
Exemple de police : Centaur ou ITC Berkeley
Les Garaldes sont inspirées des Humanes et dénommées ainsi en hommage à leurs créateurs, l’éditeur vénitien Alde Manuce et le graveur français Claude garamond.
Caractéristiques : proportions plus fines et déliés de jonction* plus souples. Les graisses* suivent un axe oblique.
Exemple de police : Garamond ou Cochin
Les Réales représentent la période classique et la rationalité du siècle des lumières que fut le XVIIIème siècle.
Caractéristiques : les lettres sont austères et les contrastes entre pleins et déliés sont plus marqués. Les Réales sont considérées comme des caractères de transition entre les garaldes et les Didones qui suivront.
Exemple de police : Times ou Baskerville
Deuxième ensemble de typos : le groupe des Didones, Mécanes et Linéales ou les caractères modernes
Les Didones dont le nom est inspiré par la contraction des noms de Didot (dynastie d’imprimeurs et d’éditeurs français) et Bodoni (imprimeur italien) apparaissent à la fin du XVIIIème siècle. Elles illustrent l’aboutissement du processus de rationalisation engagé à l’époque classique.
Caractéristiques : On les reconnaît aisément à leur verticalité, aux empattements parfaitement horizontaux et au très fort contraste entre pleins et déliés.
Exemple de police : Bodoni ou Didot
Les Mécanes sont également appelées les égyptiennes grâce au grand intérêt porté à cette civilisation lors de leur apparition au début du XIXème siècle. Elles s’inspirent des inscriptions monumentales antiques et représentatives de la révolution industrielle.
Caractéristiques : des formes géométriques marquées et régulières qui rappellent les mécaniques industrielles.
Exemple de police : Memphis ou Rockwell
Les Linéales qui auraient aussi pu être appelées les lettres bâtons regroupent tous les caractères sans empattements (ou sans serif en anglais)
Caractéristiques : une graisse uniforme et des pleins et déliés identiques.
Exemple de police : Futura ou Helvetica
Dans notre entreprise, c’est la police Futura que nous utilisons.
Troisième ensemble de typos : le groupe des caractères d’inspiration calligraphique, les incises, les scriptes, les manuaires, les fractures et les non latines
Les incises sont des caractères inspirés des capitales romaines gravées dans du métal ou de la pierre. Au départ, les incises ne disposaient pas de minuscules. Elles ont été imaginées par des typographes pour compléter cette famille.
Exemple de police : Optima ou Copperplate Gothic
Les scriptes imitent l’écriture calligraphique à la plume ou l’écriture manuelle rapide.
Exemple de police : Brush Script
Les manuaires s’inspirent des écritures antérieures à la typographie à une époque où l’écriture était lente et très appliquée.
Exemple de police : Banco ou Balde
Les fractures sont les polices aux caractères brisés tels que les lettres gothiques qui privilégient l’effet esthétique à la lisibilité.
Exemple de police : Old English Text
Les non latines ou galéiques sont les caractères les plus récemment ajoutés à la classification en 2010. C’est la famille la plus hétérogène qui regroupe tous les caractères des écritures non basées sur l’alphabet latin.
Lexique :
. empattement : Trait horizontal ou épaississement triangulaire au pied et à la tête d’un jambage (trait vertical)
. pleins et déliés : tracés correspondant respectivement aux plus épais et aux plus fins d’un caractère
. déliés de jonction : ligne qui relie deux parties d’une lettre
. graisse : épaisseur d’un trait ou d’un caractère
Macap – Lundi 4 Mars 2019