Imaginez un symbole si puissant qu’il traverse les âges, changeant de forme tout en conservant son essence et sa communication universelle. C’est l’histoire du drapeau, un emblème de fierté, d’appartenance, d’identité et de lutte. À travers un voyage dans le temps, découvrons comment les artistes ont capturé l’esprit des drapeaux dans leurs œuvres, reflétant les époques et les idéaux qu’ils représentent.
Le XXIᵉ siècle : Banksy soutient le mouvement de colère après le décès de George Floyd. 2020
« Le système laisse tomber les gens de couleur. Le système blanc » par Banksy.
L’artiste britannique a publié sur Instagram un dessin inspiré par le mouvement de colère contre les violences policières aux États-Unis. « Ce n’est pas leur problème, c’est le mien », a-t-il écrit. L’œuvre représente un portrait d’une silhouette noire entouré d’une bougie qui commence à incendier le drapeau des États-Unis.
George Floyd, noir américain de 46 ans, est mort le 25 mai 2020 à Minneapolis après avoir été maintenu au sol pendant près de neuf minutes par un policier pressant un genou sur son cou.
Le XXᵉ siècle : « Flag » de Jasper Johns 1954-55
En 1954, alors que le monde sort de la Seconde Guerre mondiale, Johns nous invite à reconsidérer le drapeau américain. Est-ce juste un symbole, ou quelque chose de plus profond ? Cette question résonne encore aujourd’hui.
Cette œuvre est une peinture à l’encaustique (peinture à la cire utilisée depuis l’Antiquité) exposée au MOMA (Museum Of Modern Art à New-York).
La peinture est un mélange expressionniste inspiré du pop art.
Le drapeau américain deviendra l’un des emblèmes de l’artiste qui le reproduira sous de multiples facettes.
Le XIXᵉ siècle : « La Liberté guidant le peuple » par Eugène Delacroix 1830
En 1830, Delacroix capture l’esprit révolutionnaire de son époque. Le drapeau tricolore n’est pas qu’un simple tissu ; il incarne les idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité.
L’action s’élève en pyramide, selon deux plans : figures horizontales à la base et verticales, gros plan mis en évidence sur un fond flou. L’image s’érige en monument.
Le XVIIIᵉ siècle : “Bonaparte au pont d’Arcole” par Antoine-Jean Gros
« Bonaparte au pont d’Arcole » est une peinture emblématique de Gros, immortalisant Bonaparte menant héroïquement l’assaut durant la bataille du pont d’Arcole. Vêtu de l’uniforme des généraux républicains, il brandit le drapeau de l’armée d’Italie, symbolisant son leadership et courage. Le fond, marqué par un ciel nuageux et des maisons lointaines, ajoute à la dramatisation de la scène. Peint à Naples en 1796 et ayant voyagé à travers des collections prestigieuses, ce tableau est devenu un puissant outil de propagande bonapartiste, vantant le génie militaire et le courage de Bonaparte.
Le XVIIᵉ siècle : « La reddition de Breda » par Diego Vélasquez. (Vers 1634)
Durant la guerre de 80 ans menée par les Pays-Bas sous la direction de Guillaume d’Orange pour se libérer de l’Espagne, la cité de Bréda était défendue par Justin de Nassau de la maison d’Orange.
Philippe IV, roi d’Espagne, nomma Ambrogio Spinola général de l’expédition de Bréda. Cet aristocrate génois était le meilleur stratège militaire de l’époque. Il prit le commandement de 40 000 hommes.
Vélasquez nous montre que même dans la reddition, il y a de la dignité. Les deux protagonistes semblent dialoguer dans le calme. Justin de Nassau, les clés de Bréda à la main, s’apprête à s’agenouiller aux pieds d’Ambrogio Spinola au moment où celui-ci pose une main sur son épaule et l’empêche de s’humilier. Le drapeau espagnol flottant au-dessus de Breda est un symbole de respect mutuel entre les adversaires.
Le XVIᵉ siècle : “Allégorie de la bataille de Lépante » par Paolo Veronese – Vers 1571
Ici, les drapeaux ne sont pas de simples ornements. Ils représentent les idéaux pour lesquels les hommes se battent et meurent. La bataille de Lépante est un moment charnière dans l’histoire méditerranéenne, capturé à jamais par Veronese.
Cette peinture à l’huile de la Renaissance est exposée à Venise.
Le XVᵉ siècle : “La bataille de San Romano” par Paolo Uccello (vers 1435-1460)
Uccello utilise les drapeaux pour raconter l’histoire d’une bataille, mais aussi pour montrer l’évolution de l’art de la Renaissance.
L’œuvre est composée de trois panneaux d’environ 3×2 mètres. L’artiste exprime ici sa passion pour la perspective et les formes géométriques.
Du XIIᵉ au XIVᵉ siècle : Fresques de la Basilique Saint-François d’Assise et Enluminures de la Première Croisade
Dans ces œuvres exposées dans l’église supérieure de la basilique Saint-François d’Assise en Ombrie (Italie), les drapeaux sont des symboles de foi et de dévotion. Ils nous rappellent que, pendant des siècles, la religion et la politique étaient inextricablement liées.
Du VIe au XIe siècle : Art Byzantin, Carolingien et Ottonien
Dans l’art byzantin, carolingien et ottonien, les bannières ne sont pas de simples décorations. Elles représentent le pouvoir divin et terrestre, un rappel que les dirigeants de ces époques étaient vus comme des intermédiaires entre le ciel et la terre.
Des mosaïques de Ravenne aux rues animées où Banksy laisse sa marque, le drapeau a été un témoin silencieux mais toujours puissant de l’histoire humaine. Chaque œuvre d’art explorée est une fenêtre sur le passé, révélant comment les valeurs et les conflits de chaque époque ont été tissés dans ces emblèmes colorés. Le drapeau, bien plus qu’un symbole, est à la fois un rassembleur et un narrateur de notre histoire collective.
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